STREAM GARDEN - Centre de retraite au Sud de la Thaïlande
,
1/- Arrivée à Stream Garden
Le voyage m'a paru moins
long que lorsque nous sommes partis en Inde. Je me suis laissée captiver par
quelques films de cinéma dont je n'avais suivi que l'actualité. Et aussi par un
ouvrage écrit par une amie que je découvrais après avoir passé la soirée ensemble
la veille : L'homme digéré, un
parcours poétique, troublant, cinglant et sans concession, dont je devrai
d'ailleurs lui restituer quelques lignes. C'est étrange de retrouver ses amis à
travers l'écriture ...
Le personnel de bord a été très attentionné, cela
finit par devenir une valeur rare avec l'accroissement du trafic aérien. Nous
avons été repus pendant tout le voyage de mets et consommations de toutes
sortes. Demandez des repas végétariens, ils ne sont pas oubliés !
Escale à Doha après 6h00
de vol, et un nouveau vol de 6h00 pour rallier Bangkok après 3h00 d'attente.
Nous avons choisi de poursuivre le voyage avec un vol intérieur pour rejoindre
l'aéroport d'Hat Yai non loin du centre de Stream Garden.
Comme annoncé, un panneau "Stream Garden"
nous attendait à l'arrivée. Nous sommes partis en toute confiance sans avoir
préparé ce voyage qui devait nous absenter durant un mois, avec juste trois
ouvrages sur la Thaïlande que nous n'avons pas encore consultés.
Aux abords du centre,
nous avons traversé une forêt d'hévéas et on pouvait distinguer les récipients
pour la collecte du caoutchouc. Les derniers mètres accusent une pente très
raide à l'arrivée. Le jour commençait à décliner lorsque le taxi nous a déposé
devant le centre. L'ambiance tiède de la forêt tropicale nous a saisi d'emblée
faisant contraste avec la froideur exaspérante de la climatisation. Nous avons
à peine eu le temps d'en saisir les contours, mais on sentait son mystère tout
entier et sa vibration nous envelopper. Jackie a surgi pour nous accueillir
avec sa gaieté habituelle. Étranges retrouvailles en un lieu aussi insolite !
Le temps de quelques
formalités, le gong a déjà sonné, et le dîner est servi.
Grenouilles
musiciennes
Cachées
dans une amphore
Résonance
du crépuscule
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Les
chiens aboient
La
nuit ferme sa main
Le
livre tourne sa page
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2/- Au petit matin
Ce matin, nous nous sommes réveillés très tôt. Le décalage horaire n'a pas eu raison de notre curiosité à découvrir ce monde nouveau qui s'offrait à nous. Au lever du jour, les insectes ont mis au point un à un leurs cordes vocales, relayés de temps à autre par un oiseau dont on pouvait distinguer la mélodie. Mais le plus étonnant, lorsqu'on y prête attention, c'est le son des gouttes d'eau qui tombent des feuilles. Il n'a pas plu, mais la forêt tropicale en cette saison est gorgée d'eau par tous ses pores, et suinte tout autant que nous. Ambiance moite, tiède et palpitante, les plantes poussent à foison et sans peine.
Nous avons quitté la grisaille de novembre pour découvrir d'autres contrées, le temps d'un rêve, d'une retraite qui laissera son empreinte dans notre vie.
Les plus matinaux se dirigent vers la salle
polyvalente pour quelques exercices de yoga, ou sur l'esplanade extérieure pour
le Qi Qong. Après quelques étirements, les mouvements s'arrondissent,
apprivoisent une énergie invisible, la captent, l'orientent. Le mouvement
s'assouplit, devient plus fluide, comme une danse au milieu des arbres.
La
main tendue de l'arbre
Vers
un ciel si haut
S'élance
comme une prière
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3/- Jackie
Jackie était tellement contente de nous voir ! « Ça me fait tellement plaisir de parler français, je n'aurais pas imaginé que cela puisse me manquer à ce point ! ». Alors elle nous raconte son expérience à Open Door, son départ de France et le début de son activité ici. Cela fait moins d'un an qu'elle est arrivée, et elle découvre une autre culture, d'autres manières de se comporter. C'est tout un apprentissage, une observation et un questionnement perpétuel. Ce n'est pas une narration factuelle, mais le mouvement d'une vie qui cherche son sens, qui cherche à comprendre les expériences et s'enrichit à chaque pas en avant. Elle nous raconte ses projets, ses espoirs et les difficultés rencontrées. Elle aimerait mettre en place des programmes éducatifs avec des partenariats locaux : écoles, universités...
Jackie était tellement contente de nous voir ! « Ça me fait tellement plaisir de parler français, je n'aurais pas imaginé que cela puisse me manquer à ce point ! ». Alors elle nous raconte son expérience à Open Door, son départ de France et le début de son activité ici. Cela fait moins d'un an qu'elle est arrivée, et elle découvre une autre culture, d'autres manières de se comporter. C'est tout un apprentissage, une observation et un questionnement perpétuel. Ce n'est pas une narration factuelle, mais le mouvement d'une vie qui cherche son sens, qui cherche à comprendre les expériences et s'enrichit à chaque pas en avant. Elle nous raconte ses projets, ses espoirs et les difficultés rencontrées. Elle aimerait mettre en place des programmes éducatifs avec des partenariats locaux : écoles, universités...
Nous vivons tous avec les
mêmes questions, le tout est d'en avoir conscience et de comprendre comment
elles éclairent notre vie. Qu'il fait bon de se retrouver et de voir à quel
point nous sommes reliés ! La distance, l'éloignement ne font rien à l'affaire.
Ici, nous découvrons des visages nouveaux mais ce sont les mêmes. Impression de
s'être déjà croisé quelque part...
Je
devine la main
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4/- L'hébergement
La chambre qui nous a été attribuée a de grandes baies vitrées qui donnent sur la forêt. Un mobilier sobre, suffisant, deux lits séparés avec un matelas juste assez rigide comme pour nous tenir en éveil.
Les hébergements sont de petites maisons blotties
dans la forêt, et la pente escarpée du site leur donne l'allure de cabanes
perchées dans les arbres ou de gites insolites. Loin de l'urbanisme, du monde
matérialiste qui court après la consommation, on imagine facilement venir ici
pour écrire un livre, peindre, reprendre des exercices de yoga laissés en
suspens ou ajouter quelques notes de musique au concert de la faune endémique.
J'imagine une rencontre d'artistes à la recherche d'un art de vivre. On peut
venir pour approfondir l'enseignement de Krishnamurti, voir comment peut
fonctionner un centre de retraite, participer à une rencontre, mais cet espace
se définit plus largement comme une parenthèse possible dans la vie, un temps
d'arrêt pour observer, écouter, laisser émerger quelque chose de nouveau.
Peut-être est-ce dû à ambiance de la forêt, à la gentillesse et l'attention de
nos hôtes, aux compétences de chacun, je ne sais...
Depuis la salle
polyvalente, le panorama s'étale sur les montagnes voisines. Serions-nous
perdus dans un coin des Pyrénées ? La tiédeur du jour nous ramène à la réalité
tropicale.
Une exposition de photos
nous montre des images chocs nous rappelant une réalité de l'enseignement de
Krishnamurti à propos de tous les conflits et la violence qui traversent le
monde. Des images dérangeantes, insoutenables, nous extirpent de notre confort
et nous questionnent sur notre implication dans le monde : « Vous êtes le monde et le monde est ce que vous êtes ». Dans
une salle attenante, il y a des tapis de sol que l'on peut utiliser également
en extérieur sur l'esplanade : les mouvements du yoga se mêlent alors à la
verticalité des arbres, formes filigranes tissant un lien entre ciel et terre.
En poursuivant le chemin en haut de la colline, nous découvrons une très jolie salle de méditation tout en marbre. La verrière y laisse pénétrer une douce lumière, et le silence s'installe doucement pour laisser émerger ce qui doit être observé.
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