LES ECRITS 3

9/- Les dialogues

Une averse soudaine s'est abattue sur le toit de la salle polyvalente et a couvert les voix. "Si je devais résumer ce qui s'est passé ici et ce que j'ai retenu, je crois bien que je serais recalée à l'examen..." dit-elle avec une pointe d'humour. Son intérêt pour l'enseignement de Krishnamurti était récent et ses interventions étaient d'autant plus pertinentes. Le dernier soir, avec sa mandoline et son accent italien, elle a embarqué tout le groupe dans une danse joyeuse. Nos amis thaïs ont choisi des chansons thaïlandaises accompagnées de la guitare, et une douce mélodie s'est répandue dans la salle. Pris de court, nous n'avons su que proposer. Sachez toutefois qu'ici, on aime bien les chansons françaises.
Est-il significatif de parler du contenu des dialogues ? Jackie a déployé toute son attention pour que les échanges relèvent d'une attention aux processus se déroulant ici et maintenant. Nous y sommes parfois parvenus, et alors les échanges se faisaient plus lents. C'était aussi rendu nécessaire par l'usage de la langue dans le cadre de ces rencontres internationales en raison des différents accents et d'une maîtrise inégale de l'anglais. Il n'est pas toujours aisé de prendre la parole dans ces conditions et cela oblige à être précis, concis, à utiliser le moins de mots possibles pour se faire comprendre. C'est intéressant, cela change un peu les habitudes.
Il portait la robe jaune des moines Terravada. Il avait quitté son monastère mais continuait à s'intéresser au bouddhisme et à d'autres sagesses. Il avait traduit en vietnamien plusieurs ouvrages de Krishnamurti et en a emportés dans son petit baluchon pour les traduire à son retour. Passée l'image que lui conférait son habit, on découvrait un homme très gentil, paisible, et finalement assez discret au regard de toutes ses connaissances. Michel l'avait surnommé "le Stroumpf heureux" avec une certaine sympathie en raison de son bonnet et de sa tenue. Cela lui allait assez bien. On ne lui donnait pas d'âge. Ses conversations étaient intéressantes, il nous faisait voyager à travers différentes sagesses.


 La rencontre a été bien préparée avec une sélection de textes assez courts, des DVD sous-titrés, des temps de pause et des promenades. La réflexion s'est bien souvent poursuivie en petit groupe lors des repas, ou à d'autres moments : c'est parfois le plus important qui se joue alors. Nous avons pu en plus bénéficier des cours de yoga et Qi Qong proposés par les personnes du centre, et c'était appréciable.






Images sur l'écran
Du speaker qui n'est plus :
Et moi, qui suis-je ?
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Et ces mots toujours répétés
Qui tout à coup m'éclaboussent
Lorsque je ne les attends plus
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10/- Rock Pool

"C'est un trou verdure où chante une rivière, accrochant follement aux herbes des haillons d'argent...". Après une marche à travers une forêt d'hévéas, nous avons découvert ce trou d'eau blotti dans les rochers. Cela ressemblait à une piscine naturelle à ciel ouvert, et c'était irrésistible de plonger dans cette eau rafraîchissante. Les plus habiles ont gravi les rochers glissants pour tester l'effet thalassothérapie suggéré par une cascade naturelle. Pas de photos de cette séquence car l’iPad est resté précautionneusement à la maison.
Martin et Tico ont poursuivi le chemin quelques jours plus tard. Ils ont découvert plus haut un petit village où la route prenait fin. Apparemment, les personnes du centre ne s'y étaient jamais rendues.
C'était une longue marche de plusieurs heures et j'imagine qu'ils n'auraient pas voulu de moi avec mes petites sandales... On aurait volontiers mis un sac à dos à Martin pour l'envoyer dans les montagnes suisses. Il nous venait du Danemark, et avait un physique assez sportif. Tico, Hollandais quant à lui, venait régulièrement à Stream Garden. Son travail de consultant en Thaïlande l'amenait plusieurs fois par an dans le pays. Il avait repéré que la cantine était bonne et les amis plutôt sympas. Peut-être le reverrons-nous lors de nos prochaines rencontres ?

Il y a aussi un village un peu plus bas, à 10 mn en voiture. Ce n'est pas forcément une destination, mais on peut se dépanner de quelques produits de première nécessité. Personnellement, je n'ai pas cherché à m'y rendre, et c'est toujours un peu avec regret que je m'éloignais du centre.

Sur le chemin du retour, Jackie nous a montré la maison qui lui a été prêtée pour son installation à Stream Garden. Une bâtisse d'un style local, confectionnée avec beaucoup de goût. On sentait qu'une main invisible avait mis beaucoup de soin et d'attention pour harmoniser l'espace intérieur avec la nature environnante. La beauté y avait pris place comme un prolongement de cet enseignement. Nous étions heureux que Jackie puisse se trouver dans un si bel environnement.


Dans la salle à manger
L'assiette s'ennuie :
Il n'y a plus personne
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Laisser à un imprévisible lendemain
L'espoir de se revoir
Et fermer sa valise
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